La pandémie de COVID-19 a eu d’importantes répercussions financières pour les Canadiens et menace leur sécurité alimentaire. En mai dernier, un Canadien sur sept déclarait être en situation d’insécurité alimentaire. Les familles avec enfants et celles qui étaient déjà vulnérables avant la pandémie semblent avoir été particulièrement affectées.
Qu’est-ce que l’insécurité alimentaire?
L’insécurité alimentaire est considérée comme un problème de santé publique, et elle peut être un obstacle à une alimentation saine. On parle d’insécurité alimentaire modérée lorsque les ménages sont amenés à faire un compromis dans la qualité ou la quantité des aliments consommés ou d’insécurité alimentaire grave lorsqu’il y a une réduction de l’apport alimentaire ou une perturbation des habitudes alimentaires. L’insécurité alimentaire marginale, elle, survient lorsqu’il y a une crainte de manquer de nourriture ou que les choix d’aliments sont restreints en raison de limites financières. L’insécurité alimentaire peut être de nature transitoire ou épisodique. Lorsqu’elle se répète dans le temps (à chaque fin de mois par exemple), on parle alors d’insécurité alimentaire chronique. Plusieurs organismes alertent sur l’augmentation de l’insécurité alimentaire depuis le début de la pandémie.
En mai dernier, 1 canadien sur 7 déclarait être en situation d’insécurité alimentaire.
L’augmentation de l’insécurité alimentaires, en chiffres
En mai dernier, Statistique Canada a réalisé une étude pour mesurer l’incidence de la pandémie sur la sécurité alimentaire. En comparaison à l’Enquête sur la santé de canadiens réalisée en 2017-2018, les résultats de l’étude confirment une augmentation de l’insécurité alimentaire pendant la pandémie. 14,6 % des Canadiens ayant participé à l’étude ont déclaré vivre dans un ménage en situation d’insécurité alimentaire, contre 10,5% en 2017. Parmi ces ménages, 2% connaissent une situation d’insécurité alimentaire grave.
L’étude révèle aussi que l’insécurité alimentaire varie selon les types de ménages. Pendant la pandémie, les ménages avec des enfants sont plus sujets à l’insécurité alimentaire que les ménages sans enfant. Un ménage sur cinq (19.2%) avec enfants versus un sur neuf sans enfant (12,2%) est eninsécurité. La même tendance était observée dans des données recueillies dans la population québécoise. Ces mêmes données démontraient également une augmentation particulièrement importante de l’insécurité alimentaire chez les populations plus défavorisées et chez les gens ayant un niveau de scolarité plus faible.
Ce que les chiffres oublient
Les données recueillies par Statistiques Canada n’incluent pas l’insécurité alimentaire marginale. En 2017-2018, 1 ménage sur 25 déclarait craindre de manquer de nourriture. Considérant les pertes de revenus occasionnées par la pandémie dans de nombreux ménages, on pourrait supposer que le nombre de ménage en situation d’insécurité alimentaire marginale aura lui aussi augmenté.
L’impact ressenti sur le terrain
Les banques alimentaires ressentent elles aussi les conséquences de la pandémie et ont vu leur nombre de demande exploser dès le début de la pandémie. Le nombre de personnes dans le besoin aura augmenté de façon importante en raison des pertes d’emploi et des mesures de confinement mises en place. Par ailleurs, 50% des appels faits au 211 (Centre d’information et de référence sur les services communautaires, publics et parapublics) concernent l’aide alimentaire. Plusieurs services ont également été cessés en raison des mesures de confinement et d’autres ont été grandement affectés par le manque de bénévoles en début de pandémie. Dernièrement, Moisson Montréal a signalé une augmentation de l’aide alimentaire distribuée : par rapport à la même période l’an passé, 40% plus de nourriture a été distribuée.