Au Dispensaire diététique de Montréal, qui œuvre auprès de familles à faible revenu, l’impact de la pandémie s’est fait ressentir dès les premières semaines. Par ailleurs, le milieu communautaire s’est montré plus indispensable que jamais pour plusieurs familles dans les derniers mois.
Les premières semaines marquées par l’inquiétude
D’abord, alors que certains s’approvisionnaient en denrées alimentaires en prévision des semaines à venir et que les tablettes des épiceries se vidaient, les gens contraints à vivre au jour le jour faute de moyens financiers ne pouvaient se permettre de faire de telles réserves. Ces gens ont rapidement moins eu accès non seulement aux aliments abordables mais aussi à ceux qui sont plus nutritifs en raison des pénuries en magasin (fruits et légumes, viande, etc.).
Pour la majorité des familles du Dispensaire, la situation financière est rapidement devenue précaire, principalement en raison des pertes d’emploi. Aussi, plusieurs familles n’ont rapidement plus eu accès aux ressources alimentaires de leur quartier puisque plusieurs fermaient involontairement leurs portes. Beaucoup de mamans desservies par le Dispensaire ont rapporté craindre la COVID et trouver difficile de prendre le transport en commun pour se procurer de l’aide alimentaire à l’extérieur de leur quartier.
Elle m’a téléphoné pour me dire qu’elle n’avait plus rien à manger. Elle disait avoir perdu beaucoup de poids et que son bébé de 5 mois ne semblait plus rassasié avec l’allaitement. Son mari était pris à l’étranger, elle n’avait aucune réelle source de revenu et était incapable de payer son loyer depuis deux mois. Elle recevait déjà du dépannage alimentaire, mais la qualité des aliments était insuffisante pour nourrir elle et son garçon de 7 ans. Les coupons OLO et la livraison de denrées l’ont vraiment aidé à passer à travers les derniers mois
Des mesures d’urgence qui en ont aidé plusieurs
Une grande part des familles ont été soulagées au niveau financier par les mesures d’urgence mises en place par les gouvernements. Par contre, certaines femmes enceintes ou familles dont le statut migratoire était temporaire ou incertain n’étaient éligibles à aucune mesure d’aide financière, les plongeant encore plus en situation de précarité et d’insécurité alimentaire.
Enceinte, elle est étudiante étrangère et son mari est en Afrique pour un stage. Lorsque la pandémie a frappé, elle a perdu son logement aux résidences de l’université. Sa principale source de revenue, une bourse d’étude, est échue et elle dépendait essentiellement de l’aide d’organismes. Elle a donné naissance à un bébé en santé, mais alors que bébé n’a que 2 mois, la cliente doit chercher un emploi puisqu’elle est toujours en situation d’insécurité alimentaire et seule au pays.
Le travail remarquable du milieu communautaire
Heureusement, le milieu communautaire s’est rapidement et efficacement organisé pour rétablir les services et les adapter au contexte de pandémie. Entre autres, des services de livraison de dépannage alimentaire sont apparus, et plusieurs organismes ont allégé les critères d’admissibilité à leurs services et diversifié leurs services pour répondre à la demande. Les mamans du Dispensaire ont également eu la chance de recevoir des bons de 10$ de la fondation OLO, qui ont largement aidé en complémentant les autres coupons et l’aide matérielle.
Les derniers mois en contexte de pandémie auront définitivement eu un impact sur la sécurité alimentaire de plusieurs, mais possiblement davantage sur celle des familles qui étaient déjà vulnérables. Le milieu communautaire se montre plus indispensable et flexible que jamais durant cette période. Mais comme pour tout enjeu social, il faudra une vision partagée pour unir les forces des différents secteurs et faire du droit à l’alimentation une réalité pour toute la population.